Expressions S

SUCRER LES FRAISES : Expression française du début du XXème siècle signifiant « être agité d’un tremblement nerveux », être gâteux.

L’origine remonte au mouvement effectué à l’aide d’un sucrier à trous tenu d’une main pour verser le sucre sur une coupe de fraises saisie de l’autre. Ce geste rappelle les tremblements des membres des personnes âgées.

Une autre source attribuerait les origines de cette expression française aux collerettes des dames âgées de la cour au XVIème et XVIIème siècle qui en tremblant répandaient le sucre sur leur cols au lieu de le verser dans leur tasses mais cette définition ne semble aucunement digne de foi contrairement à la première.

En Tunisie, la même expression est retrouvée mais l’allusion aux personnes âgées est faite par l’intermédiaire de la canne qui tremble quand un vieillard s’y accoude et dans ces contrées, elle s’exprime par l’allocution suivante « yor3och ki el kasba ferrih » ou trembler comme une canne dans le vent; où le vent est pris dans le sens propre du terme, ou pour faire allusion à l’extérieur quand la vieille personne s’aide d’une canne pour sortir et s’y accoude en tremblant comme si le vent la secouait.

SUR LE TAS : Expression française de la fin du XIXème siècle et qui signifie « sur les lieux du travail« .

Cette expression française définit le tas comme le lieu de travail, le lieu où l’on apprend son métier.

L’origine de cette expression française fait allusion au domaine de la maçonnerie, où le tas était le lieu où on taillait les pierres à bâtir et plus tard l’endroit où l’on construisait les murs.

De ce fait l’expression française « sur le tas » signifiait « à pied d’œuvre« 

Cette expression française a eu plusieurs autres interprétations plutôt argotiques comme « mettre une fille sur le tas » où le tas est le lieu de travail d’une prostituée et « faire le tas » devient synonyme de racoler.

Un autre sens est donné à cette expression française tiré lui aussi de l’argot, pour dire qu’un malfaiteur s’est fait arrêté sur le tas qui veut dire qu’il s’est fait prendre sur les lieux du crime et non à son domicile.

 

Signification :

Se croire remarquable, se prendre pour quelqu’un d’exceptionnel, se sur-estimer

Origine :

Cette expression française fait allusion au mythe de la naissance de Dionysos dont la mère Sémélé parce que ; ayant demandé à son amant de se montrer à elle dans toute sa puissance, fut anéantie par cette vision et Zeus pour ne pas perdre son fils l’arracha des entrailles de sa mère morte et le mit dans sa cuisse d’où il naquit trois mois plus tard.

Bien évidemment la mythologie romaine remplaça Zeus par Jupiter.

Selon une autre origine plus païenne cette fois, cette expression française serait issue d’une ancienne expression française du XIVème siècle à savoir « ne pas issir de l’orine du père » et signifie « vous ne vous croyez pas sorti de l’urine de dieu » ou bien « se prendre pour Jesus« , le fils de Dieu.

 

SE FAIRE LA MALLE : Expression française qui remonte au milieu du XXème siècle et qui signifie partir ou s’enfuir. En effet une malle correspond à la valise de notre époque que l’on prépare minutieusement pour un voyage.

Cette expression française a été attestée surtout dans le milieu carcéral au sens de s’évader. Elle semble tirer ses origines d’autres expressions françaises du même milieu comme  » se faire la belle, la fuite ou la paire ».

Le terme « malle » peut prendre d’autres significations dans d’autres expressions françaises comme « plier, emplir ou faire sa malle » qui signifient « mourir« 

En effet cette expression française a connu plusieurs significations différentes et sans rapport apparent au fil des siècles : Au XVIème siècle « trousser en malle » signifiait enlever par surprise alors qu’au XVIIème cette expression française signifiait mourir et au XXème siècle « faire sa malle à quelqu’un » signifiait le quitter.

S’ENDORMIR (SE REPOSER, DORMIR) SUR MES LAURIERS : Expression française qui remonte au milieu du XIXème siècle et qui signifie « se contenter d’un premier succès ».

Depuis très longtemps, le laurier est le symbole de la gloire ou du succès mérité et le fait de se reposer « à l’ombre de ses lauriers » n’avait au XVIIème siècle aucune valeur restrictive mais prenait le sens de repos bien mérité après une victoire.

Par delà, au Moyen-Âge, les jeunes docteurs issus de l’école de médecine ont la tête entourée de rameaux de laurier contenant des baies qu’on appelait en latin « bacca laurea » qui a donné naissance au fameux diplôme de fin d’études secondaires de notre époque !

Dans la Grèce Antique, le laurier était dédié à Apollon et représentait l’immortalité, la sagesse et l’héroïsme.

La nuance entre s’endormir et se reposer est importante car s’endormir c’est se contenter de ses succès et arrêter là les efforts alors que l’expression française « se reposer sur ses lauriers » avait une connotation plus ancienne et signifie « jouir d’un repos mérité après un succès » sans faire appel à aucune connotation négative contrairement à la précédente

SAGE COMME UNE IMAGE : Expression française datant de la fin du XVIIème siècle et qui signifie calme et tranquille en parlant d’un enfant.

En effet, la muette immobilité des personnages dans les livres d’images représente pour les parents et les éducateurs l’idéal du comportement des enfants. Toutefois, ce beau tableau reste un rêve qui ne peut devenir réalité.

Dans la vie, les enfants crient, jouent, bougent et se chamaillent sans cesse sans crainte de remontrances et ne peuvent ressembler de près ou de loin à ces bébés immobiles et muets des photos.

D’autres expressions françaises dans le même sens existent aussi à savoir « gentil comme un amour » ou « tranquille comme un ange » car l’enfant de l’époque, au nom des règles morales se devait de ressembler aux images pieuses

SE FAIRE DE LA BILE : Expression française considérée comme la plus usitée et qui signifie se faire du souci.

La bile au sens propre du mot fait allusion au liquide visqueux et amer secrété par le foie.

Le sens figuré remonte à la théorie antique des grecs définie par Hippocrate qui assimile la bile noire à la mélancolie ou la tristesse et la bile jaune à la colère.

Cette définition a été abandonnée au XVIIIème siècle et le seul sens attribué est celui exprimé par cette expression française et qui signifie mauvais sang ou inquiétude extrême.

D’autres expressions françaises ayant la même interprétation ont fait appel à d’autres sécrétions comme  » se faire un sang d’encre » ou  » se faire de la mousse, des cheveux« .

L’idée de sécrétion dans cette expression française renvoie à une rupture entre le conscient et le psychologique.

Une autre expression française utilise « la bile  » dans un autre sens et dans une autre tournure comme « se tourner la bile  » qui signifie se contrarier à l’excès

SE PORTER, ÊTRE SOLIDE COMME LE PONT-NEUF : Expression française qui date du XVIIIème siècle et qui qualifie quelqu’un en bonne santé et vigoureux.

L’origine de cette expression française fait allusion à un pont parisien qualifié de plus résistant car bâti en pierres. Ce pont construit en 1578 par Henri III et achevé par Henri IV acquiert la confirmation de solidité par le fait qu’il a résisté aux crues importantes de la Seine sans dommage.

Cette résistance a fait que la solidité physique de quelqu’un qui se porte bien se compare à ce pont indestructible.

Le Pont-Neuf a été utilisé dans d’autres expressions françaises vantant son mérite comme « faire le Pont-Neuf », » ou au contraire qualifiant des humains peu recommandables comme « l’officier du Pont-Neuf » pour un voleur; « l’ermite du Pont-Neuf » pour le coureur de rues et la « demoiselle du Pont-Neuf » pour la prostituée.

SECRET DE POLICHINELLE : Expression française qui date du XIXème siècle et signifie un faux secret que tout le monde connait.

En effet, le personnage de Polichinelle est une marionnette italienne qui parle beaucoup, à tort et à travers au point de ne jamais savoir tenir sa langue ou garder un secret.

Cette expression française emprunte son personnage à la langue italienne de l’époque des nazarinades au milieu du XVIIème siècle dont le nom d’origine signifiait poussin.

De là, plusieurs autres expressions françaises ont vu le jour à partir de ce personnage loufoque comme « la vie de Polichinelle » pour insinuer une vie déréglée;  » la voix de Polichinelle » pour une voix nasillarde et aigüe et enfin  » avoir un Polichinelle dans le tiroir » pour une femme enceinte

SE PARER DES PLUMES DU PAON : Expression française utilisée dans le sens de chercher à tirer parti ou se vanter d’ avantages ou de mérites qui reviennent à autrui.

Expression française qui revient à Jean de la Fontaine dans sa fable illustrant le geai paré des plumes du paon.

Par delà cette image, notre expression française veut donner un qualificatif aux personnes qui essayent de se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas vraiment.

Il est à remarquer que les idées de parures et de plumes de notre expression française ne sont pas nouvelles et sont bien antérieures à La Fontaine. C’est Bonaventure des Periers qui a exprimée l’idée d’apparence flatteuse par des plumes dans « les belles plumes font le bel oiseau » ou  » se parer des plumes d’autrui »