Expressions françaises commençant par la lettre L
Lorsque le supérieur est absent, les subalternes profitent de leur liberté
Expression proverbiale française qui aurait existé sous plusieurs formes différentes et ce depuis le XIIIème siècle, dans toutes les langues de folklore d’Europe. En France, vers la fin du XVIIIème siècle, l’expression se retrouve sous la forme « quand le chat est hors de la maison, les souris dansent sous la table. Il a fallu attendre Balzac au milieu du XIXème pour se rapprocher de l’expression initiale avec « quand le chat court sur les toits, les souris dansent sur les planchers ». L’idée de danse est apparue donc beaucoup plus tard.
La division règne au sein d’un même groupe ou d’un même parti
Expression proverbiale française du XIXème généralement utilisée pour décrire les discussions graves entre les hommes qui font partie d’un même corps alors qu’ils devraient instituer la paix entre eux.
L’expression puiserait ses origines dans un passage du Roland Furieux de l’Arioste où Saint-Michel sème la discorde dans le camp d’Agramant, empereur des sarrasins avec une déesse de la discorde qui fait naître des querelles entre les principaux guerriers que l’empereur n’arrivait pas à calmer et qui ne font que ruiner son parti.
Parmi les rescapés et les exilés de la Troisième Internationale, il est une discorde aussi grande que celle qui était au camp d'Agramant. Trotski ne répond même plus à ses contradicteurs d'extrême-gauche, car, dit-il, « ils remplacent l'analyse scientifique par des glapissements perçants ». (marxists.org)
Une suite de difficultés
Expression française vieillie et donc de moins en moins utilisée qui se base sur une définition du train obsolète. En effet, le train dont il est question se définit comme étant une suite d’objets ou de personnes, principalement des serviteurs.
Dans ce cas précis, l’évocation d’un train du diable aurait rapport avec le cortège qui le suit. Toutefois, l’expression semble être renforcée par l’idée de tapage. A ce titre cette dernière notion renvoie à une autre en rapport avec le thème qui est le train d’enfer.
- C’est un survivant
- Ah ! fit l’autre désappointé, c’est rien qu’un grand dieu des routes. Je pensais que c’était au moins quelque gars qui arrête le sang ou bien qui conjure les tourtes. Le diable et son train. (G. Guèvremont)
Il est possible de gâter une chose en voulant la rendre meilleure
Locution proverbiale du milieu du XVIIIème siècle qui cherche à faire comprendre qu’il est possible de gâcher ce qui était bien en voulant trop bien faire pour chercher à la perfectionner.
Elle viendrait d’une citation de Montesquieu avec une mauvaise transcription puisque l’expression exacte est explicitement « le mieux est le mortel ennemi du bien » qui va mettre en évidence le fait que celui qui est toujours en recherche de perfection commet une sorte de vice majeur généralement nuisible au but poursuivi. En d’autres termes selon Montesquieu la recherche du mieux n’est pas une continuité de la recherche du bien mais une sorte de piège fatal à toute entreprise de la sorte.
Selon d’autres interprétations, « le mieux est l’ennemi du bien » viendrait d’une folie des habitants d’Arcadie d’antan qui n’arrêtaient pas de courir après le soleil en s’imaginant qu’ils pouvaient l’atteindre en escaladant la montagne pour découvrir que leur astre était tout aussi éloigné. Donc ce mieux en question est synonyme d’un fantôme trompeur qui s’évanouit rapidement au fur et à mesure que l’on tente de s’en approcher.
Cette expression proverbiale reste donc une sorte de conseil des plus sages à tous ceux qui ne sont jamais satisfaits de leur position et qui désirent toujours plus au risque de perdre ce qu’ils ont acquis
Mais si le mieux est l’ennemi du bien, n’est-ce pas chercher la petite bête comme je le fais qui m’empêche le plus souvent d’aboutir à une juste pesée. (Leiris)
Poncifs ou banalités exprimées par le plus grand nombre.
Expression française attestée depuis le milieu du XVIème siècle qui puiserait ses origines dans la langue latine. En effet, elle serait la traduction de « loci communes » qui elle-même viendrait du grec « topoi koinoi ». Les lieux communs furent utilisés dans le domaine de la philosophie et de la rhétorique par Aristote et Cicéron comme étant un ensemble d’arguments de valeur générale applicables à des sujets particuliers. Le sens de l’expression a varié au XVIIème siècle pour désigner toute vérité d’ordre général et actuellement, elle serait plutôt synonyme d’idées reçues ou rebattues.
Elle savait les intrigues du mode, les mutations d’ambassadeurs, le personnel des couturières et s’il lui échappait des lieux communs, c’était dans une formule tellement convenue que sa phrase pouvait passer pour une déférence ou pour une ironie. (G. Flaubert : L’éducation sentimentale)
Course à travers les champs, où les personnes se dirigent à vue de clocher, en franchissant tous les obstacles rencontrés pour arriver le premier au but.
Expression vieillie qui symbolise une compétition ardente avec des efforts passionnés vers un but. Elle puiserait ses origines dans le monde hippique où elle consistait à ce qu’un cavalier arrive en premier au but qui soit aussi visible qu’un clocher en passant à travers les champs. Ce sport était connu des anglais et ne gagna la France qu’au milieu du XIXème siècle pour prendre un sens plus généralisé et métaphorique à savoir le fait de participer à une compétition acharnée pour obtenir une place.
Selon d’autres interprétations, la course au clocher serait une coutume villageoise bien française qui met en concurrence de jeunes gens du même âge. Ce serait à ce titre Ferry qui la dénomma Steeple-Chase comme équivalent anglais puisque dans les deux cas il s’agirait d’une course d’obstacles à cheval.
Ici, vous ne m’éviterez plus. Si vous fuyez, je vous suivrai. Avez-vous envie de faire avec moi une course au clocher jusqu’à Paris. (Barbey d’Aurevilly)
Piège séduisant
Expression française assez récente puisqu’elle ne date que de la deuxième moitié du XXème siècle. Elle puiserait ses origines dans le monde de la chasse puisque en ce domaine, un miroir aux alouettes est un type de piège utilisé par les chasseurs pour faire tomber les oiseaux en général et les alouettes plus particulièrement.
Ce piège en question est constitué d’un morceau de bois en forme d’oiseau qui serait orné de petits morceaux de miroir. De ce fait dès que les chasseurs agitaient ce piège aux alouettes, les oiseaux ayant une grande sensibilité à la lumière sont tout de suite attirés par cette constellation et les chasseurs n’ont donc plus qu’à les récupérer dans les filets. Dans le sens figuré, notre expression va prendre le sens de piège tendu pour leurrer une personne avec un objet brillant pour mieux abuser d’elle.
Je suis pour le progrès, disait encore Daniel, mais pas pour un progrès en matière plastique, pas pour le miroir aux alouettes. (E. Triolet)
Tromper quelqu’un en se moquant de lui
Expression française familière qui remonte au milieu du XIXème siècle mais la question qui se pose serait de savoir quel serait le rapport entre l’oseille et la signification de la locution en question.
Selon certains interprètes, l’oseille est attribué un cabotin qui était un habitué d’une gargote parisienne où mangeaient les artistes des théâtres du boulevard. Selon la personne en question, le père Vinet, chansonnier de l’époque mangeait dans la gargote évoquée et composa la chanson « vous me la faites à l’oseille ». En effet, cela tenait au fait que la maitresse de cette gargote servait le plus souvent à ses habitués des œufs à l’oseille où la quantité d’oseille était nettement supérieure aux œufs et un jour, il est arrivé qu’elle offre une omelette sans œufs
Toutefois, cette explication n’a jamais été vérifiée et ne comporte pas de preuves tangibles mais il se pourrait qu’il y aurait un rapport entre le fait de faire un plat (omelette à l’oseille) au sens propre et le plat qui en argot figuré prendrait le sens de farce.
Voyons, vieux, tu veux nous la faire à l’oseille, il ne pouvait pas être aussi haut que ton paquetage ce képi. (M. Proust : A la recherche du temps perdu)
Expression utilisée pour définir deux personnes atteintes du même vice et qui se moquent l’une de l’autre
Expression française ancienne qui remonte au XVIème et qui explique le ridicule de la situation en s’appuyant sur deux instruments à savoir la pelle et le fourgon. Or la question qui se pose serait de savoir quel serait le rapport entre une pelle et un fourgon. Le fourgon se définit selon le dictionnaire de l’époque comme étant le tisonnier qui serait aussi noir que la pelle.
J’admire la science des savants autant que l’innocence des enfants. Vous seul avez le droit de vous moquer des savants ; il est de règle, comme dit un vieux proverbe français, que la pelle se moque du fourgon. (R. Peyrefitte)
Réalisation qui semble fort simple mais demandant beaucoup d’ingéniosité.
Expression française du milieu du XIXème siècle qui se baserait sur une anecdote qui arriva à Christophe Colomb. En effet, quand des détracteurs lui annoncèrent que rien n’était plus facile que de découvrir l’Amérique, il leur demanda d’essayer de faire tenir un œuf sur sa pointe et personne ne parvint à réaliser cet exploit. Il leur prouva que c’était pourtant facile et qu’il suffit de casser légèrement sa base pour le stabiliser. Sur les remarques ironiques sur la simplicité de l’opération il répondit que « certes, encore fallait-il y penser ».
L’invention, j’en ai compris l’importance à une époque relativement récente, quand ce mot est devenu pour moi le synonyme de découverte et, mieux encore, quand j’ai été à même de prendre dans son sens d’apologue la fameuse anecdote de l’œuf de Christophe Colomb. (M. Leiris)
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