Expressions françaises commençant par la lettre C
Être très visible et évident
Expression française assez ancienne qui remonte au XVème. Si le fait de crever un œil au sens propre du terme fait atrocement mal et serait donc synonyme de souffrance. A ce titre tout ce qui parait évident est douloureux comme la vérité que ce phénomène engendre.
Prise au sens figuré, cette expression va traduire l’effet produit par des choses sur l’œil qui est exprimé par des verbes qui ont recours aux coups et blessures. Crever va donc montrer une sorte d’agressivité pour dire que celui qui ne fait pas attention à ce qu’il devrait voir et qui refuse le réel mérite d’être aveugle.
La limite de la peinture, tout ce qu’elle peut et tout ce qu’elle ne peut pas est montrée avec une évidence qui crève les yeux. (G. Flaubert : Correspondances)
Sauter aux yeux
C’est très fragile, précaire
Expression française dont la forme initiale serait « sa vie ne tient qu’à un fil ». Elle puiserait ses origines dans la mythologie romaine et ferait référence aux Parques qui étaient des divinités maîtresses de la destinée humaine.
En effet, ces Tria Fata ou 3 destinées étaient des sœurs qui avaient un droit de naissance ou de mort sur tous les mortels. La plus jeune, Clotho ou la fileuse, représentée avec une quenouille qui avait pour don de tenir le fil des destinées humaines. La deuxième prénommée Lachésis ou le sort avait pour tâche de placer le fil sur le fuseau et enfin Atropos l’inévitable qui était la sœur ainée avait e rôle principal à savoir celui de couper le fil de la vie quand bon lui semblait. Bien sur les terriens ne pouvaient en aucun cas connaitre leur destinée telle qu’elle était réservée par les sœurs Parques.
Ma place, Monsieur, ne tient qu’à un fil ; si je ne suis pas un peu protégé par son Excellence, je suis le plus malheureux des hommes. (Stendhal)
Argument favori et coutumier
Expression française qui se base sur une drôle d’image à savoir le cheval de bataille ou sujet de prédilection. En effet le fait de trop parler sur un sujet avec une sorte de passion et exubérance donne l’impression que le fait d’être habitué à ce discours le rend plus fluide, coulant comme un cheval qui court.
L’idée de bataille viendrait du fait que pour les guerres, ce serait les chevaux les plus fougueux qui étaient utilisés pour la circonstance. Pendant les polémiques aussi, la discussion reste enflammée et batailleuse.
Par ailleurs, il est possible de constater que toute polémique inclue l’idée de bataille comme on le retrouve dans le terme grec « polémos ». D’autres interprètes auraient par contre plus tendance à dire qu’elle proviendrait de l’expression anglaise « hobby horse » ou enfourcher son dada
Dans le pays, singulièrement encouragé, la droite fait feu des quatre fers. L’école devient son cheval de bataille. Brandissant le sabre et le goupillon, elle rallume la guerre scolaire. (A. Soury : L’envers de l’hémicycle »
L’interrompre brutalement, le dérouter, le laisser sans voix
Expression française qui utilise le mot chique non pas dans le sens de chiquer ou mâcher un tabac mais d’un vieux sens où il serait synonyme de finesse. Mais le rapport qui puisse exister entre cette notion de finesse et le fait de désigner une personne surprise au point que son raisonnement s’en trouve altéré et qu’elle perde le fil de sa conversation n’a pas d’explication claire.
Quel restaurant ? Il me coupe la chique moi ! Il me la coupe ! (L.F. Céline » : Le pont de Londres)
C’est son idée favorite, idée fixe
Le dada dans cette expression française d’origine anglaise est défini comme étant un vocable enfantin pour désigner un cheval et particulièrement le cheval à bascule en bois.
Ce serait l’auteur Sterne qui mit l’idée de Dada à la mode à travers son lire « le voyage sentimental » où il emploie le terme de « Hobby Horse » qu’il applique à une sorte d’idée fixe.
Mais ce fameux « hobby-horse » est au sens propre une sorte de bâton que chevauchent les enfants et qui s’assimile au fameux cheval de bois qui a toujours fait partie des jouets des enfants de l’époque.
Peu à peu ce « hobby-horse » a pris une sens figuré et « to ride on’s hobby horse » se traduit intégralement par enfourcher son dada, en d’autres termes poursuivre une idée favorite au-delà de ses limites.
Toujours chevauchant leur dada, à savoir foncer avec des armes mobiles, nos pontifes de l’X, général Langlois en tête, ne rêvaient que canon léger. (V. Margueritte)
Un cheval de bataille, un violon d’Ingres
Très propre ou parfaitement réalisé
Expression française sortie droit du dictionnaire argot, qui selon certains interprètes est très ancienne et remonterait à la renaissance. En effet, dans les demeures des riches de l’époque, les baignoires étaient généralement en marbre et la cuve était recouverte d’un tissu pour éviter le froid.
De plus la fameuse salle de bain s’écrivait au pluriel car elle comptait deux baignoires dont l’une était utilisée pour se laver et la seconde pour se rincer et ce jusqu’au XVIIème siècle.
Selon d’autres interprétations, cette expression viendrait du domaine médical et plus précisément de celui des dentistes. Ces derniers lors des soins utilisent un alliage de nickel et de chrome pour les prothèses dentaires du fait de la parfaite résistance à l’oxydation et à la corrosion, symbole de propreté. Bien sur d’autres interprétations ont fusé puisque certains ont jugé utile de rajouter « chrome » à l’expression « c’est nickel » en rapport aux pièces de voitures jugées à leur apparence impeccable.
En tous les cas quelque soit le monde d’origine de cette expression, le rapport qui puisse exister entre ce métal et la propreté c’est la surface du nickel, où qu’elle soit, est reconnaissable à son aspect brillant et donc propre.
Nickel chrome
A l’envers, mis à terre
Expression française qui a vu le jour au XVème siècle et qui est généralement utilisée avec les verbes tels que renverser et tomber. Elle exprime l’idée de ce qui est à l’envers ou renversé.
Elle cherche à déterminer de manière familière, voire argotique le fait que ce qui est généralement situé en haut est en fait en bas et à l’inverse, ce qui est en bas se retrouve à un niveau élevé. L’expression s’utilise rarement pour décrire des choses mais va servir plutôt pour des personnes. « Tomber cul par-dessus tête » est devenue anachronique et donc de moins en moins utilisée.
Et nous tombions des Flandres, cul par-dessus tête dans ce petit bosquet devant la maison abandonnée où nous faisions popote. (L. Aragon)
A la renverse, avoir les quatre fers en l’air, jambes par-dessus tête, sens dessus-dessous
Tu peux toujours courir, il n’y a aucune chance que cela se produise
Expression française qui aurait existé depuis le XVIIIème siècle sous la forme « compte là-dessus ». Elle fut utilisée comme formule ironique, indiquant le sens contraire puisque, il s’agit dans ce cas de l’exprimer à celui à qui on ne rendra jamais ce prétendu service.
Ce n’est qu’au début du XIXème siècle que le complément « bois de l’eau » à qui il fut plus tard ajouté l’adjectif « fraiche ». Ceci a été expliqué différemment par les interprètes. Pour les uns la formulation équivaut à une sorte de sacrifice où il est question de remplacer un bon vin par de l’eau et surtout pour ne rien obtenir. Pour d’autres, « bois de l’eau fraiche » viendrait d’une expression plus ancienne à savoir « vivre d’amour et d’eau fraiche ».
L’expression « compte là-dessus et bois de l’eau fraiche » est généralement utilisée pour raconter n’importe quoi à une personne qui y croit. Il est donc question de charrier une personne naïve qui avale ce genre d’énormité.
En Afrique du Nord et particulièrement en Tunisie, l’expression équivalente traite d’un autre sujet en rapport avec l’argent. En effet il est question de se fatiguer à compter de l’argent qui n’est pas en notre possession, se traduisant pas « taaya wenti taqbadh »
Homme qui ne s’acquitte pas de ses dettes, qui ne rend jamais ce qu’on lui prête
Afin de mieux comprendre les origines de cette expression française, il faudrait commencer par définir le « cœur » qui y est utilisé. A première lecture et selon le vocabulaire de notre époque, la phrase est incompréhensible car il ne peut exister de rapport entre une personne qui a bon cœur et celle qui ne rembourse pas ses dettes.
Mais le « cœur » de l’époque est pris dans un contexte physiologique de la nausée et du vomissement et se rapporte notamment à l’estomac. En se référant à l’ancien français, langage courant d’avant le XVème siècle, le cœur ou « cuer » de l’époque serait dérivé de courage et va rappeler l’esprit, la raison et la mémoire
A partir de là l’expression « cet homme a bon cœur, il ne rend rien » peut donc être interprétée sur la base de la définition de cœur en rapport avec la nausée qui est un malaise sans vomissement. Notre acteur va donc prendre ce qu’il peut aux autres au point d’en être écœuré et avoir la nausée mais sans rien rendre
Expression utilisée pour indiquer un endroit trop éloigné
Afin de mieux comprendre les origines de cette expression française très ancienne, il faudrait commencer par définir les termes qui la composent selon le dictionnaire de l’époque.
Selon certaines interprétations, il existait au Xème siècle à Paris une habitation de plaisance située dans un lieu appelé Vauvert et qui aurait été construite par le roi Robert. De par l’explication de l’époque vauvert faisait allusion à deux termes latins vallis viridis se traduisant par vallée verdoyante. Cette bâtisse était entourée de carrières et le vent s’y incrustait avec un grand bruit. Ceci n’a pas tardé à enrichir les conversations de l’époque à ce sujet par une population qui croyait dur comme fer aux superstitions et à ce titre croyait que tous les diables de l’enfer se réunissaient en ce lieu.
Ce serait dit-on les chartreux qui logeaient pas loin de là et voulant à tout prix acquérir la propriété s’en donnèrent à cœur joie pour exploiter cette frayeur et ceci entraina que plus personne ne s’en approchait. Mais tout le monde était d’accord sur un point à savoir que seuls les moines pouvaient faire disparaitre les esprits qui hantaient la propriété.
Ce fut Saint-Louis qui rencontra les moines au XIIIème siècle et s’accorda avec eux pour qu’ils le débarrassent de cette propriété en en devenant propriétaires et ce, à titre gracieux, par un système de donation. Mieux encore, ils purent profiter de la maison ainsi que ses dépendances et appartenances.
Ce n’est qu’au XVIème siècle que le diable vauvert se transforma en expression grâce à La Fontaine qui l’utilisa dans une de ses fables.
Maintenant, les corbillards à tombeau grand ouvert, emportent les trépassés jusqu’au diable vauvert. (G. Brassens : Les funérailles d’antan)
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